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L’art-thérapie contemporaine©, poétiser le symptôme…

Rédigé le Vendredi 3 Mars 2023 à 14:15 | Lu 16 fois modifié le Samedi 18 Mars 2023

Après une longue expérience en psychiatrie, le psychologue Jean-Pierre Royol a élaboré l’artthérapie contemporaine©, une méthode qui favorise la créativité sans viser la production d’une œuvre ou d’un objet et exclut toute forme d’interprétation. 

• Comment avez-vous cheminé pour élaborer l’art-thérapie contemporaine ?

L’art-thérapie contemporaine (ATC)© est une méthode de soin de support, qui propose de dépasser les difficultés personnelles par la créativité. Je l’ai conceptualisée et développée non sans un travail de deuil intérieur, car elle est venue remettre en cause certaines habitudes de pensée contractées sur les bancs de l’Université. L’ATC© n’est en rien liée à un effet de mode et refuse d’assurer une fonction de vitrine ou parfois de masque à des pratiques institutionnelles.

En se démarquant de toute forme d’instrumentalisation de l’art au service d’une norme sanitaire ou comportementale, elle est le produit d’une lente maturation théorique et psychique irriguée par une longue expérience clinique hospitalière dans le champ de la psychiatrie et de la prison. J’ai tracé des repères cartographiques précis pour éviter la confusion courante avec d’autres pratiques d’art-thérapie, comme la médiation artistique ou encore l’animation d’ateliers d’expression.

Ces dernières activités peuvent d’ailleurs très bien cohabiter avec l’art-thérapie contemporaine au sein d’un même établissement, car les enjeux sont structurellement différents.

Quelles sont les différences avec l’art-thérapie « classique » ? La différence la plus déconcertante au premier abord est que cette méthode n’est pas orientée vers la production d’un objet ou d’une œuvre : elle s’est en effet libérée des contraintes classiques de la représentation, ce qui lui permet aussi de résister aux injonctions commerciales sur le modèle de l’évaluation muséologique, de production ou d’exposition. Elle choisit donc de se tenir en marge du traitement « habituel » paradoxal des productions de patients, c’est-à-dire soit a destruction la plus morbide, dont la presse s’est fait l’écho, soit la publicisation mondaine des bateleurs de l’intime, qui soulève actuellement des questions éthiques fondamentales, comme celle des droits d’auteurs et des éventuels ayant-droits.